Streaming : les musiques urbaines cristallisent le débat sur la rémunération des artistes

Streaming : les musiques urbaines cristallisent le débat sur la rémunération des artistes

Streaming : les musiques urbaines cristallisent le débat sur la rémunération des artistes

 

Le cap franchi est historique et en dit long sur les nouvelles habitudes de consommation. Selon les derniers chiffres du Syndicat national de l’édition phonographique (SNEP), 9,4 millions de Français ont écouté de la musique via un abonnement payant sur une plateforme de streaming en 2019, soit 10% de la population. Mais ce succès probant pour l’industrie musicale n’efface pas la question polémique de la rémunération des ayants droit. Avec, au centre des critiques, la prédominance des musiques récentes et urbaines dans les écoutes de streaming musical, au détriment d’autres genres musicaux.

 

« Le mode de répartition reste assez obscur », estime Sylvain Dejean, maître de conférences en économie numérique et de l’Internet à l’Université de La Rochelle. Sur une période donnée, Spotify, Deezer ou encore Apple Music prennent 30% du total des abonnements, qui tournent autour de 10 euros par mois. Les 70% restants sont redistribués aux artistes en fonction des clics.

 

Cependant, comme le mode de rémunération de la plupart des plateformes de streaming se base actuellement sur un système au prorata total, si une personne écoute dans le mois cinquante fois un titre d’Aya Nakamura et dix fois un titre de Jacques Brel, la répartition du prix de son abonnement ne se fera pas uniquement entre les artistes écoutés (ce qui leur assurerait une répartition juste), mais bien sur la part de marché globale de tout les abonnements.

 

La jeune génération plébiscite les musiques urbaines

Un artiste émergent encore peu connu touchera donc une part du gâteau bien moindre, comparée aux personnalités qui caracolent en tête des classements grâce aux écoutes de tous les abonnés combinés. « On assiste à une concentration des revenus. Il y a des pans entiers de styles musicaux qui sont en situation de fragilité », pointe Jérôme Roger, directeur général de l’Union des producteurs phonographiques français indépendants (UPFI).